Nightmare again


Raccoon City, 24 juillet 1998, 22h05

Une bien chaude journée s’achève, comme toutes les autres ces derniers temps, ce qui n’est pas pour vous déplaire. Accoudé à la fenêtre de votre chambre, vous observez d’un air absent les maisons à proximité de la vôtre, ce qui revient à regarder terriblement loin. Vous vous demandez encore comment votre père a pu trouver cette maison, perdue en périphérie de Raccoon City.
« Certainement le genre de terrain qu’on ne file qu’aux flics dévoués » songez-vous.
Effectivement votre père est officier de police dans cette ville depuis déjà plusieurs années, six années précisément ; période correspondant à sa séparation avec votre mère. Alors que cette dernière réside et travaille à New-York, lui décide de venir vivre ici, dans cette ville pommée à l’opposé des Etats-Unis, allez savoir pourquoi…C’est entre autres pour ça que vous vous retrouvez seul à la maison ce soir, car vous aviez prévu, vous et votre petite sœur, de passer l’été avec lui…
Votre père avait prit le soin de réserver bien à l’avance sa période de congés pour lui permettre de profiter de la présence de ses enfants…Hélas, quelque chose ne s’était pas passé comme prévu, trois randonneurs avaient disparu dans la montagne le 21 juillet, et depuis trois jours, aucune nouvelle d’eux…Cela aurait pu demeurer anodin, si Raccoon City n’avait pas été le siège de morts mystérieuses depuis maintenant quelques mois.
Cela avait commencé à la mi-mai, les corps de deux gamines avaient été retrouvés à quelques kilomètres de l’endroit où elles jouaient habituellement. D’après les informations que votre père avait généreusement accepté de vous livrer, les deux fillettes n’avaient pas seulement été tuées, elles avaient été mutilées, et la piste de loups sauvages traînant dans la région avait été démentie par une expertise du terrain, qui avait par la suite révélé l’implication d’humains dans les deux meurtres.
« Implication », en voilà un terme vaste…
Heureusement que vous n’étiez pas encore arrivés…le double meurtre avait selon les dires profondément marqué les habitants de Raccoon par sa cruauté et sa sauvagerie.
Et ils ne s’étaient guère arrêtés à une seule victime, c’est environ deux semaines plus tard d’après vos informations qu’un jogger avait été tué.
Il étaient neuf en tout à avoir péri de façon violente, sans compter un couple toujours porté disparu…mais depuis un mois maintenant, tout semblait avoir cessé…C’était d’ailleurs pour cela que vous aviez décidé de ne pas annuler vos vacances, des vacances qui s’annonçaient reposantes dans un lieu entouré de montagnes et de forêt, si la disparition des trois randonneurs n’était pas survenue évidemment…
Même si aucun cadavre n’avait été retrouvé, le brand le bas de combat avait aussitôt été déclaré. Les S.T.A.R.S, ces soit disant pros du terrain et de tous types d’affaires avait été mis sur le coup. Vous avez d’ailleurs aperçu deux de leurs hélicoptères quitter la ville à quelques heures d’intervalle plus tôt dans la soirée. Pour vous, s’affoler de la sorte était inutile, mieux valait laisser un peu de temps à ces trois randonneurs, ils se manifesteraient sans doute…
C’était alors que vous donniez cet humble avis à votre père le jour même du signalement de la disparition qu’il avait décidé d’envoyer votre petite sœur chez votre tante à Seattle le temps que l’affaire s’apaise.
« Si jamais il s’agit encore de meurtres, je ne veux pas qu’elle soit choquée » vous avait-il dit.
k Il vous avait également proposé de partir avec elle, chose que vous avez refusé, espérant tout de même pouvoir disputer une partie de chasse avec votre père d’ici un ou deux jours. Voyant cela, Amy votre petite sœur, avait elle-même refusé de partir, assurant qu’elle ne craignait pas ce qui pouvait se passer. C’était ainsi que l’idée de partir pour quelques jours avait été abandonnée.
En soupirant, vous refermez la fenêtre. Seulement voilà, avec cette histoire, votre père avait été rappelé à son poste pour aider à la recherche des trois disparus. Même si les S.T.A.R.S étaient chargés de l’affaire, la police locale continuait son travail dans le but de leur faciliter l’enquête…
« Ils recherchent ces trois randonneurs » songez-vous en contemplant votre jardin désespérément vide.
Vous finissez malgré vous par pouffer de rire.
_ Et nous, on cherche cette saloperie de clébard…
C’est ce qui vous empêche de profiter de cette chaude soirée, le chien de votre petite sœur. Elle a tenu à l’emmener avec elle (chose que vous avez fortement regretté dans la voiture) pour lui permettre de profiter de l’espace du jardin de votre père. Seulement voilà, ce sale clébard a sauté la barrière et s’est tiré en fin d’après-midi…Votre père est au courant, mais il vous a interdit de partir à sa recherche, chose que vous avez évidemment approuvé avec beaucoup de compréhension... mais ça n’a pas été le cas de votre petite soeur. Après avoir piqué une crise de larmes, elle s’est enfermée dans sa chambre et refuse toujours d’en sortir. Vous l’entendez par moments geindre ou se déplacer dans la pièce voisine. Vous partirez sans aucun doute en forêt à la recherche du labrador blanc demain dans la journée avec votre père, très certainement armés en prévention d’une éventuelle attaque.
Mais pour le moment, la nuit tombe rapidement et votre père est de service pour les prochaines heures, vous êtes donc seul à écouter votre petite sœur se lamenter.
« Si elle a fait preuve de maturité en convaincant papa de la laisser là, songez-vous, maintenant elle rattrape largement le niveau de ses 9 ans… »
Elle sait que sortir de nuit pour un chien, et qui plus est par les temps qui courent, est imprudent, mais elle semble vouloir ne pas croire à cette idée. Enfin…elle finira bien par dormir en attendant le lendemain…
Quant à vous, c’est sans trop y penser que vous vous retrouvez au grenier à contempler les deux fusils de chasse accrochés au mur. Vous savez que l’un d’eux est pour vous, car votre père vous l’a promis pour votre initiation à la chasse. Il vous a déjà brièvement expliqué comment utiliser ces armes, mais vous n’avez encore jamais tiré avec. Vous décidez d’appeler Amy pour lui montrer ces superbes engins avec lesquelles vous partirez probablement à la recherche du chien – même si vos chances de le retrouver n’ont rien à voir avec le fait d’être armé de la sorte – voilà qui la distraira, peut-être même la rassurera. _ Amy ? appelez-vous depuis le haut des escaliers. Viens voir j’ai un truc à te montrer !
Evidemment, un silence pesant vous répond. Dévalant les marches en tâchant de paraître enthousiaste, vous frappez à sa porte en tentant de la faire réagir.
_ Allez viens, ça a un rapport avec Swan, ton chien !
C’est débile comme remarque, mais c’est tout ce que vous trouvez pour essayer de l’occuper un peu.
Tout à votre étonnement, le silence vous répond une fois encore.
_ Tu te fous de retrouver ton clébard ?? vous exclamez-vous.
Surpris, vous tentez d’ouvrir la porte, peut-être qu’elle dort après tout…
La porte n’est plus verrouillée, et la chambre est…
_ AMY !!!
C’est à travers la maison que vous venez de hurler, Amy a quitté sa chambre et vous réalisez à toute vitesse qu’elle pourrait bien avoir quitté votre domicile également. Poussé par l’adrénaline, vous ouvrez toutes les portes de l’étage, puis descendez au rez-de-chaussée, vos soupçons se confirmant seconde après seconde.
« Merde, merde, merde ! » pensez-vous en ouvrant la porte d’entrée.
Dehors, vous l’appelez à nouveau en la prévenant que ceci n’est pas un jeu. Rien.
Avec angoisse, vous scrutez la route qui descend vers le centre-ville. Elle n’est pas allée par là, vous avez déjà fouillé tout le quartier quelques heures plus tôt, elle n’a pu que se diriger vers la forêt. Mais quelle idiote !
Vous réalisez que quelques instants plus tôt vous vous trouviez à votre fenêtre, donc vous l’auriez vu partir. Aussi cela signifie qu’elle vient juste de partir, ou qu’elle est déjà partie depuis un moment…
« Et la nuit tombe… »

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